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Des villageois boliviens séquestrent trois ministres pour forcer l’implantation d’une fonderie

AFP
Article publié le mercredi 19 avril 2006.


Les habitants et élus locaux d’un village de Bolivie retiennent trois ministres en otage pour forcer le gouvernement à approuver le projet industriel d’une entreprise brésilienne, a annoncé le ministre de la défense, Walker San Miguel, dans la nuit du 18 au 19 avril.

Le ministre de la planification, Carlos Villegase, celui du développement économique, Celinda Sosa, et celui de l’industrie minière, Walter Villarroel, qui s’étaient rendus à Puerto Suarez pour tenter d’éviter un grève illimitée prévue à partir de minuit mardi, "sont retenus, pratiquement séquestrés par des villageois de cette localité qui exigent par ce moyen de pression extrême que le gouvernement national octroie un certificat de respect de l’environnement à l’entreprise EBX", a précisé M. San Miguel. La firme brésilienne veut installer une fonderie dans le cadre d’un projet d’exploitation des mines de fer d’El Mutun, gisement qui représente 70 % des réserves mondiales connues de fer et de magnésium.

"IL EST INACCEPTABLE DE NÉGOCIER"

Le processus d’appel d’offres pour ces mines, lancé par le précédent gouvernement, a été freiné par celui du nouveau président de gauche, Evo Morales, qui examine notamment si l’entreprise respecte l’environnement. Mais, avant même la fin du processus, EBX a commencé à opérer en Bolivie sous le nom de MXX, sur la base d’accords avec des dirigeants de la région. Et le ministre de la défense d’évoquer "un chapelet d’irrégularités et de violations constitutionnelles" : l’entreprise a demandé à s’installer à 50 kilomètres de la frontière, ce qui est strictement interdit d’un point de vue écologique ; elle a commencé, sans autorisation, à construire deux fours de fonderie sur les quatre prévus, avec une technologie à base de carbone végétal jugée dommageable pour l’environnement, alors que le gouvernement préconise du gaz naturel, produit pas la Bolivie.

S’y ajoutent des irrégularités fiscales dans le cadre d’un contrat avec la zone franche de la région, a précisé le ministre, pour qui "cette entreprise, avec un immense toupet, attend que sa situation se légalise et il est par conséquent tout à fait inacceptable pour le gouvernement de négocier, de violer la Constitution politique de l’Etat".

Appelant à la "libération immédiate" de ses trois collègues, M. San Miguel a annoncé que le procureur général, Pedro Gareca, ouvrirait une enquête, qui pourrait conduire à inculper d’enlèvement les responsables locaux de Puerto Suarez.


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