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4,8 Mt d’agents chimiques CMR ont été consommés dans l’industrie française en 2005

Par F. Laby
Article publié le mercredi 10 janvier 2007.


Si les produits chimiques sont encore indispensables à la production d’un grand nombre de biens industriels, ils suscitent des préoccupations croissantes quant à leurs effets sur la santé. Un certain nombre d’entre eux ont été identifiés à travers des études toxicologiques comme étant cancérogènes et/ou mutagènes et/ou reprotoxiques (CMR). Par conséquent, la réduction des expositions à ces agents chimiques et le développement de la connaissance des expositions font partie des objectifs du Plan Santé Travail 2005-2009 élaboré sous l’autorité du Ministre délégué aux relations du travail, par la Direction Générale du Travail en étroite coopération avec le Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels. C’est pourquoi, afin d’identifier les agents chimiques CMR couramment utilisés en milieu professionnel une enquête a été réalisée à la demande du ministère du travail.

Menée par l’institut national de la recherche et de la santé (INRS), cette étude visait essentiellement à préciser, pour 324 agents chimiques CMR et plusieurs centaines de dérivés pétroliers, les tonnages mis en oeuvre, les types d’utilisation, les secteurs d’activités concernés, la démarche de substitution et d’estimer le nombre de travailleurs potentiellement exposés. L’étude a donc consisté à collecter et analyser des données statistiques nationales, européennes et des informations provenant d’un échantillon représentatif de 2.000 établissements français appartenant à 30 secteurs d’activité.

Résultats : cette enquête indique qu’au total 4, 8 millions de tonnes d’agents chimiques CMR ont été consommées en France en 2005. Même si ces produits sont largement utilisés dans un grand nombre de secteurs d’activités en raison de leur présence dans des formulations de nombreux produits industriels, les industries pharmaceutiques et chimiques en sont les principaux consommateurs. Les agents CMR les plus consommés appartiennent à trois grandes classes de produits : les halogénés chlorés (37,7 %), les composés aromatiques (23,3 %), les composés aliphatiques (22,2 %).

L’agent chimique CMR le plus utilisé est le 1,2-dichloroéthane, classé cancérogène de type 2 car fortement présumé cancérogène pour l’homme, avec une consommation annuelle de 1,5 million de tonnes. Utilisé principalement dans la synthèse de chlorure de vinyle monomère, ce produit concerne 5.600 salariés potentiellement exposés dont 3.600 dans le secteur de la fabrication de médicaments. Le chlorure de vinyle, classé cancérogène de type 1 car cancérogène avéré pour l’homme et dont la consommation en 2005 était proche de 1 million de tonnes est le deuxième produit le plus utilisé et concerne au global, près de 1.300 salariés potentiellement exposés principalement lors de la production de PVC. Le benzène, classé cancérogène de type 1 et mutagène de type 2 à cause d’une forte présomption sur le risque d’apparition de mutation génétique chez l’homme, arrive en troisième position avec une consommation annuelle de 715.000 tonnes. Utilisé comme solvant et réactif de synthèse, le benzène concerne plus de 35.500 salariés des secteurs de la chimie organique et de la pharmacie.

Sur les 324 CMR étudiés, seul 10 ont une consommation supérieure à 100.000 tonnes par an. La consommation a été estimée comme nulle voire très faible pour 168 autres. Dans son étude, l’INRS estime que dès lors qu’elle est possible, la substitution des CMR de catégories 1 et 2 est réalisée. _ En effet, certains procédés de fabrication classés dans la catégorie des circonstances d’exposition cancérogènes pour l’homme ont complètement disparus comme la production d’auramine ou concernent un faible nombre de salariés comme la fabrication de l’alcool isopropylique et le raffinage du nickel. L’INRS se veut rassurant en rappelant également que les produits les plus utilisés ont fait l’objet d’une réglementation spécifique nécessitant un contrôle régulier de l’exposition professionnelle par des organismes agréés dès le début des années 80. Par ailleurs, l’institut précise que plus de la moitié des agents chimiques CMR étudiés ne sont probablement plus utilisés de manière industrielle du fait de la substitution et de la réglementation.
Cependant l’INRS estime que pour des agents CMR de forte diffusion, des investigations complémentaires doivent être menées afin de préciser le profil d’utilisation et les populations exposées.

Les résultats complets de cette étude vont être mis à disposition courant 2007, sous forme d’une base de données qui sera consultable par internet.

http://www.actu-environnement.com


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