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(JPG) Planète sexe : Tourismes sexuels, marchandisation et déshumanisation des corps

par Franck Michel
Article publié le vendredi 5 janvier 2007.


Un livre de franck Michel

Extrait du livre :

Extrait de l’introduction : Imaginons un instant des femmes cubaines arpentant le pavé parisien en quête d’exotisme et d’amourettes avec des jeunes Français blancs comme neige. Imaginons quelques vieux Marocains de Marrakech à la recherche de chair fraîche et claire de préférence pour assouvir leurs fantasmes sexuels. Imaginons un paysan ukrainien ou un riziculteur vietnamien, la soixantaine bien trempée, commander par catalogue une jeune française esseulée et démunie, végétant dans un terroir désolé de la République, en quête d’argent et de sens pour son avenir. Imaginons un nouveau riche philippin ou un ministre camerounais payer des pots-de-vin aux autorités françaises afin d’accélérer la procédure d’adoption d’un petit orphelin français. Imaginons enfin des cars entiers remplis de Thaïlandais, de Haïtiens, de Sénégalais, de Cambodgiens, de Balinais et de Brésiliens, tous plus ou moins fortunés et bedonnants, s’arrêter - le temps de leurs vacances à l’étranger - devant un hôtel luxueux près du Mont Saint-Michel ou dans les jardins du Château de Versailles, où des dizaines de jeunes vierges françaises les attendraient désespérées, tout en accueillant le sourire aux lèvres ces prestigieux hôtes étrangers : les touristes d’un nouveau monde. Ces visions imaginaires n’ont que peu d’espoir d’être données à voir. Du moins d’être vues de notre vivant. Heureusement. Mais pourquoi l’inverse est-il tellement visible ? Hier comme aujourd’hui, et encore plus demain. Et cela sans gêner le moins du monde la « bonne » marche de ce dernier. Pourquoi la misère s’abat-elle toujours ou presque sur les mêmes ? Pourquoi les Occidentaux, qui ne voudraient jamais subir ce scénario chez eux, s’acharnent-ils à voir, instaurer et « développer » sur d’autres terres et auprès d’autres peuples, ce même scénario ?

Mot de l’éditeur

Entre le corps-capital de certaines prostituées « de luxe » des pays du Nord et le corps-marchandise des prostituées « de la misère » des pays du Sud et de l’Est, le risque de voir se développer un peu partout sur la planète un tourisme sexuel de masse n’a jamais été aussi grand. Aujourd’hui, le touriste sexuel n’a que l’embarras du choix. Le marché s’étend et se diversifie : une internationalisation de l’offre prostitutionnelle, avec des corps de plus en plus jeunes, entièrement disponibles, aux quatre coins du globe.

Touristiquement parlant, un pays se vend mieux lorsqu’il vend bien ses femmes. La femme fantasmée est d’abord vendue en quadrichromie sur les couvertures de brochures pour aguicher le voyageur, avant d’être (re)vendue sur son lieu d’existence ou plutôt de travail. Hypocrisie d’un système de valeurs fondé sur la consommation de biens à outrance, un système du tout-business où les biens à consommer sont des êtres humains.

Avatar du capitalisme sauvage, le tourisme sexuel prospère sur les décombres des désillusions du « développement » et du « progrès » et s’apparente bien souvent à une véritable invasion du Sud par le Nord. Il permet aux Occidentaux qui ont, ici ou là, perdu la bataille de la colonisation, de reprendre pied dans leurs anciennes (et nouvelles) possessions, avec une conquête en vue : celle des corps.

Pour en savoir plus sur l’auteur www.deroutes.com


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