Un an après la décision de Médecins du Monde (MDM) de distribuer des tentes pour "rendre visibles" les sans-abris, dont au moins auraient déjà succombé au froid cet hiver, et réclamer des "solutions d’hébergement durable", une nouvelle association, les "enfants de Don Quichotte" a pris le relais et appelle notamment les "biens logés" à dormir dans des tentes par solidarité avec les SDF. Samedi 16 décembre, ils en ont installé une centaine quai de Jemmapes, dans le 10e arrondissement de Paris, afin de mobiliser l’opinion sur les responsabilités de l’Etat.

"C’était dur parce qu’il faisait froid" et qu’"on n’est pas habitués à dormir dehors, ni au bruit ou à l’insécurité", a confié une de ces "biens logées", Virginie Chase, mère de famille, comédienne et peintre, qui a passé la nuit dans une tente avec deux de ses enfants, de 11 et 16 ans. "Ca nous choquait déjà, ça nous choque encore plus, on se rend compte à quel point c’est dur de dormir dehors", a-t-elle ajouté.

"J’en avais marre de voir des gens crever en bas de chez moi", explique Augustin, intermittent du spectacle et fondateur de l’association. Depuis fin octobre, Augustin et son ami Pascal vivent volontairement dans la rue et ont tenté début décembre de créer un campement géant devant l’Assemblée nationale. Ils ont été évacués par les forces de l’ordre mais leur idée a donné lieu à de nombreuses solidarités et des échanges passionnés sur le Net en faveur d’un "mouvement de contestation civile" pour exiger des logements durables pour les plus démunis.

"LES SANS-ABRI SONT PRIÉS DE DÉCAMPER DE PARIS DANS LE FROID"

"Si de telles initiatives de solidarité se multiplient, c’est bien que le problème est loin d’être réglé", estime de son côté Graciella Robert, de MDM. "L’installation de tentes à Paris continue manifestement de déranger mais le vrai scandale, ce ne sont pas les 400 tentes, c’est l’absence de logements adaptés", a-t-elle ajouté. Fin novembre, une vingtaine de tentes dont quatre de MDM ont été détruites lors d’une évacuation par la police place de la République. De même, la semaine dernière, l’ONG a constaté la disparition de trois tentes dans le 14e, malgré la mobilisation de riverains pour empêcher l’expulsion de ces SDF.

Dimanche, MDM demande dans un communiqué"l’arrêt immédiat des déplacements des tentes sans solution d’hébergement adaptée", avant de s’interroger : "La solution est-elle de continuer à chasser les occupants des tentes dans le froid, alors que les mesures annoncées par le gouvernement, déjà en deçà des besoins constatés au niveau national, ne sont pas encore effectives ?" "Notre travail de suivi en prend vraiment un coup", indique Graciella Robert avant d’ajouter que "les sans-abri sont priés de décamper de Paris dans le froid, c’est inacceptable". Ces dernier, chassés du centre de la capitale vont souvent se réfugier dans les bois des alentours ou près du périphérique, où ils sont totalement isolés.

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