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(JPG) La gauche antilibérale se donne du temps pour aboutir au consensus

Nabil Wakim
Article publié le dimanche 10 décembre 2006.


Alors que la fracture semblait consommée entre partisans et opposants d’une candidature de la secrétaire nationale du Parti communiste, Marie-George Buffet, les délégués des 750 collectifs antilibéraux réunis ce week-end à l’Île-Saint-Denis ont finalement décidé de se laisser plus de temps pour débattre. Quitte à trouver un autre candidat que les prétendants déclarés. Un retour à la case départ ? Il aura pourtant fallu un mini-coup de théâtre, dimanche, pour y parvenir.

Samedi soir, à l’issue d’une journée de débats, le sentiment général était plutôt à la défaite : les collectifs continuaient d’accuser le Parti communiste de vouloir imposer la candidature de Mme Buffet, lequel estimait que sa secrétaire nationale était la mieux placée pour représenter la gauche antilibérale, brandissant les bons résultats qu’elle avait obtenus lors de la consultation des collectifs. Presque tous misaient sur une mort rapide du processus unitaire.

Durant la nuit, les représentants des collectifs et des partis politiques, qui se sont réunis jusqu’à trois heures et demi du matin, ne sont pas parvenus à un accord. D’autres noms que les candidats déclarés - Marie-George Buffet, l’adjointe au maire de Paris Clémentine Autain et le président de la fondation Copernic, Yves Salesse - ont été évoqués pour sortir de la situation de blocage : ceux du sénateur socialiste Jean-Luc Mélanchon et de José Bové, le leader altermondialiste qui avait jeté l’éponge devant les divisions. Les collectifs sont allés jusqu’à proposer des noms de militants communistes " identifiés avant tout pour leur place dans le mouvement social ", telle Malika Zediri, conseillère régionale d’Ile-de-France investie dans les mouvements de chômeurs. Rien n’y a fait. " On s’est heurté à un mur toute la nuit, raconte une représentante du collectif national. On aurait pu proposer n’importe quoi, ils auraient toujours dit non".

LES COMMUNISTES "N’ONT PAS RÉUSSI À PASSER EN FORCE"’

Dimanche matin, pourtant, le revirement se produit sous les yeux de la salle. A la tribune, les interventions se poursuivent, calibrées : les uns en faveur de Mme Buffet, les autres pour lui demander de se retirer. Alors que la situation semble bloquée, les dirigeants communistes semblent infléchir leur position. Devant les journalistes, la numéro un du parti déclare qu’il faut laisser les collectifs locaux décider, à nouveau. Dans la salle, un de ses proches, Patrice Cohen-Seat, propose de se donner du temps pour trouver une solution.Vingt minutes avant la fin annoncée de la réunion, les représentants du collectif national se réunissent. Et décident dans un couloir, à la dernière minute... de ne pas prendre de décision. Ils affichent leur volonté de continuer " jusqu’au consensus ", espéré dans le courant du mois de janvier. Une nouvelle rencontre est prévue mardi pour décider des modalités d’un retour vers les collectifs. Et tenter de proposer des candidats plus consensuels. Pour, peut-être, déboucher sur une nouvelle réunion nationale.

Ce énième rebondissement d’un processus douloureux est interprété par les représentants des collectifs comme un signal positif. " Le Parti communiste a mis un genou à terre, s’enthousiasme un membre du collectif national. Ils ont cédé sur presque tout". "Ils n’ont pas réussi à imposer Marie-George Buffet, ils n’ont pas réussi à passer en force, et ça, c’est très important ", souligne Christian Picquet, de la minorité de la LCR. Pierre Zarka, communiste refondateur, appelle à "interpréter positivement ce qui vient de se passer ". Les dirigeants communistes tentent, eux, de minimiser, affirmant que ce n’est qu’une question de temps. " Si les collectifs votent à nouveau, Marie-George sera de nouveau en tête, de toute façon ", clame, rassurant, un membre de la direction, à des militants désorientés.

Difficile de savoir à qui profiteront les semaines de discussions qui vont suivre. Côté communiste, la réunion de la Conférence nationale, le week-end prochain, promet d’être houleuse. " Si la direction du PCF n’a pas pu faire le forcing, c’est que sa base ne l’a pas suivie. Personne n’a envie d’être responsable de l’échec d’une candidature qui peut faire un score à deux chiffres au soir du premier tour", explique un militant du parti. De fait, devant la pression de la salle, de nombreux militants communistes se sont retrouvés pris entre leur participation à la démarche unitaire et l’orientation de la direction du PCF.

Les collectifs espèrent également que ce délai fera revenir Olivier Besancenot dans la bataille. " Si on arrive à se mettre d’accord, il n’aura plus le choix ", espère un enseignant de Seine-Saint-Denis. " Ca rouvre le jeu dans la LCR " confirme Christian Picquet, qui espère que samedi prochain, à la réunion nationale du parti, " la majorité de la Ligue décidera de changer de stratégie " et de rejoindre la démarche unitaire. Reste à trouver un candidat qui puisse être accepté par le Parti communiste et par les collectifs.


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