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(JPG) L’Europe connaît son automne le plus chaud depuis cinq siècles

Article publié le vendredi 8 décembre 2006.


Mardi 5 décembre, la température a dépassé les 15°C à Saint-Dizier, dans les Vosges, et frisé les 18° à Marseille et à Pau. Cette douceur exceptionnelle est à l’image de ce que connaissent la majorité des Européens depuis le début de l’automne. Celui-ci - pour les météorologues, l’automne comprend les mois de septembre, octobre et novembre - est le plus chaud jamais mesuré en Europe. Selon une équipe de climatologues suisses, il serait même le plus chaud qu’ait connu le Vieux Continent depuis cinq siècles.

En France, l’écart des températures moyennes par rapport à la normale (calculée sur la période 1971-2000) a atteint 2,9°C, soit l’anomalie chaude la plus forte enregistrée depuis 1950, année qui marque le début des relevés systématiques. "Nous prenons cette date comme référence, mais cela n’exclut en rien que l’automne 2006 soit le plus chaud sur une échelle de temps beaucoup plus grande, précise Michel Schneider, ingénieur à la direction de la climatologie de Météo France. Cette situation n’a pas été propre à l’Hexagone, elle a été comparable dans toute l’Europe de l’Ouest."
En dépit des incertitudes liées aux anciens systèmes de mesures, l’Institut royal météorologique des Pays-Bas a annoncé que cet automne était le plus chaud que le pays ait connu depuis trois siècles. Le Royaume-Uni, qui possède le plus ancien registre de relevés de températures (milieu du XVIIe siècle), dresse le même constat. En France, l’anomalie la plus forte est celle d’octobre, avec un écart de 3,3°C par rapport aux normales. Pour le mois de novembre, elle se situe entre 2,5°C et 2,6°C.
Par comparaison, le deuxième automne le plus doux enregistré en France depuis 1950 est celui de 2005, qui avait enregistré un écart de 1,4°C par rapport aux normales. Les deux automnes européens les plus chauds du demi-siècle écoulé sont donc les deux derniers, avec un doublement d’une année sur l’autre de l’écart par rapport aux normales.
Toutes saisons confondues, l’anomalie de cet automne est la deuxième par son amplitude depuis 1950, derrière l’été caniculaire de l’année 2003, caractérisé par un écart moyen de 3,7°C par rapport aux normales saisonnières.

DEPUIS ENVIRON L’ANNÉE 1500
"On ne peut attribuer un événement isolé au changement climatique, précise cependant M. Schneider. C’est la répétition de ces phénomènes sur une longue durée qui peut être liée au réchauffement climatique." Les travaux des climatologues Elena Xoplaki et Juerg Luterbacher, chercheurs à l’université de Berne (Suisse), permettent de mieux situer l’automne 2006 sur une telle échelle de temps.
"Nous collectons et étudions diverses sources historiques qui nous donnent, depuis environ l’année 1500, directement ou indirectement, des informations sur les conditions climatiques en Europe, explique Mme Xoplaki. Ce peut être des observations instrumentales, des travaux scientifiques ou encore les chroniques tenues par les moines qui décrivaient, parfois plusieurs fois par jour, l’apparition des premières neiges, de phénomènes comme le refleurissement des plantes ou le prolongement de la période végétative."
Rendus possibles par une collaboration avec des historiens comme Christian Pfister ou Emmanuel Le Roy Ladurie, ces travaux, publiés en août 2005 dans la revue Geophysical Research Letters, ont abouti à la reconstruction de séries de températures moyennes en Europe, saison par saison, depuis cinq siècles environ. Ils indiquent, selon Mme Xoplaki, que "l’automne 2006 apparaît être le plus chaud depuis cinq cents ans, plus encore que les plus chauds que nous obtenons dans nos séries, en particulier ceux de 1772 et de 1938".
"Au cours du dernier demi-millénaire, la décennie d’automnes les plus chauds est celle qui s’écoule de 1997 à 2006", ajoute la climatologue. Elle précise que les plus fortes augmentations tendancielles des températures automnales notées au cours des trente dernières années sur l’Europe sont enregistrées dans les îles Britanniques et en Scandinavie. La précision des reconstructions climatiques obtenues par interprétation de sources historiques est controversée, mais Mme Xoplaki assure que ces séries se montrent globalement cohérentes avec l’analyse de sédiments lacustres prélevés dans les Alpes orientales.

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