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L’un des principaux dirigeants de la rébellion d’Oaxaca a été arrêté à Mexico

Par Joëlle Stolz
Article publié le mercredi 6 décembre 2006.


A peine installé, le gouvernement du président Felipe Calderon a choisi d’accentuer fortement la pression contre l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO), le mouvement rebelle qui a contrôlé pendant cinq mois cette ville du sud du Mexique et se trouve aujourd’hui sur la défensive. Plusieurs dirigeants de l’APPO - dont le plus connu, Flavio Sosa - ont été arrêtés par la police, lundi 4 décembre à Mexico, où ils comptaient reprendre, mardi, des négociations avec le ministère de l’intérieur, interrompues depuis le mois d’octobre.

Horacio Sosa, frère de Flavio, ainsi que Ignacio Garcia et Marcelino Coache, ont été appréhendés le même soir dans la capitale fédérale. Les quatre hommes sont accusés de sédition, attaques contre les voies de communication et incitation à la violence. Un autre frère de Flavio, Erick, avait été arrêté une semaine auparavant à Oaxaca pour séquestration et torture de deux policiers.

Avec ses cheveux hirsutes, sa barbe noire et son tour de taille imposant, Flavio Sosa était la figure la plus médiatique de la rébellion, synonyme de chaos et de violence pour nombre de Mexicains, mais promesse de changement politique radical pour d’autres. "Il a l’intelligence, l’expérience, la capacité de s’exprimer et de conduire un mouvement", soulignait, lors d’un récent entretien au Monde, le sénateur Diodoro Carrasco, transfuge du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), désormais rallié au Parti d’action nationale (PAN) au pouvoir et ancien gouverneur de l’Etat d’Oaxaca de 1992 à 1998.

"MAUVAISE LECTURE"

"Le gouvernement fédéral (du conservateur Vicente Fox) a fait une mauvaise lecture (des événements) d’Oaxaca, affirme M. Carrasco : il croyait à un conflit local, animé par un petit groupe, dont le gouverneur pouvait venir seul à bout. Il croyait aussi à une manipulation par le PRD (Parti de la révolution démocratique, gauche), ce qui est faux. Or, même si cette crise n’est pas extrapolable à d’autres régions, Oaxaca va rester, pour les années à venir, un thème politique central au Mexique." C’est l’un des premiers défis du président Calderon. Le PRI, dont il a besoin pour gouverner, négocie âprement une sortie "honorable" pour le gouverneur Ulises Ruiz, soupçonné d’avoir détourné de l’argent public pour financer la campagne du candidat du PRI au scrutin présidentiel. Depuis le 1er décembre, il est légalement possible de remplacer le gouverneur sans avoir à organiser de nouvelles élections dans l’Etat d’Oaxaca.

Est-ce pour préparer une telle issue que le pouvoir fédéral a lancé une vaste opération contre la rébellion ? Déployée le 29 octobre dans le centre d’Oaxaca, la police fédérale a repris les positions - barricades, radio - que tenait l’APPO, procédant à des perquisitions et à des arrestations massives. Les organisations de défense des droits de l’homme, mais aussi l’Eglise catholique, menacée par les "priistes", dénoncent des disparitions et les "tortures" infligées à des dizaines de détenus, sur quelque trois cents personnes arrêtées depuis juin. "Nous sommes au bord d’une guerre civile", s’alarme le peintre Francisco Toledo.


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