Accueil du site Politique La gauche antilibérale
 

(JPG) Candidature antilibérale : haute tension au sommet

Olivier Mayer
Article publié le jeudi 30 novembre 2006.


Le Parti communiste, préoccupé par l’appel de certains membres du collectif national, appelle à rejeter les exclusives et les pressions.

Crise ouverte, moment critique, les collectifs unitaires antilibéraux vont-ils finalement échouer sur la désignation du candidat ou de la candidate à la présidentielle ? En annonçant qu’il se retirait du jeu, José Bové a précipité dans la dramatisation une discussion, certes délicate et tendue, mais qui se déroulait selon le processus prévu. Et avec un succès d’affluence, tant dans les réunions internes que dans les meetings publics, qui traduit la montée des attentes et une dynamique potentielle prometteuse. 34 membres du Collectif national unitaire (CUIN) viennent de signer ensemble un appel émanant de militants des Bouches-du-Rhône. Ces membres du collectif national représentent la minorité de la LCR avec Christian Picquet, les Verts - Alter Ekolo de Francine Bavet, des membres de Convergence citoyenne comme Claire Villiers (CCAG), les Alternatifs, des militants associatifs et des personnalités comme Claude Debons. Y figurent aussi deux candidats à la candidature, Clémentine Autain et Yves Salesse. Dans ce texte intitulé « La gauche antilibérale doit se ressaisir » (voir ci-contre), ils appellent la LCR à « rejoindre le processus unitaire », d’autant que, selon eux, la désignation de Ségolène Royal « rend aujourd’hui possible un dépassement des divergences qui ont opposé la LCR et le collectif national sur les relations avec le Parti socialiste ». Et ils appellent « le PCF à prendre conscience que Marie-George Buffet n’est pas en mesure de représenter la diversité de notre rassemblement, et à renoncer à cette candidature ». Ils annoncent qu’ils prendront, dans les prochains jours, « toutes les initiatives nécessaires à la réussite de notre rassemblement ». Un autre appel, « L’heure du choix » (voir ci-contre), est signé notamment par Roger Martelli, Pierre Zarka et le candidat à la candidature Patrick Braouezec. Il demande implicitement aux communistes de renoncer à proposer la candidature de Marie-George Buffet pour « faire émerger une candidature recevable par le plus grand nombre de sensibilités et qui exprime aussi les attentes et les valeurs des communistes ».

changer la donne

à gauche

C’est face à l’appel de certains membres du collectif national que le Parti communiste réagit, par une déclaration dans laquelle il se dit fortement préoccupé. Il conteste la présentation des faits qui « met sur le même plan » la LCR et le PCF « dont les militants contribuent activement au processus unitaire ». Il regrette qu’on cherche à s’affranchir des règles décidées en commun pour le choix de la candidature en sommant « le Parti communiste de retirer sa proposition » et, alors que « toutes les autres candidatures pourraient être examinées, argumentées, évaluées », « celle de Marie-George Buffet devrait tout simplement être exclue d’office ».

Mais au-delà des procédures, la question prend une tournure politique. « Va-t-on travailler réellement, dans la campagne électorale qui va s’engager, à ouvrir une autre voie à gauche, à construire l’espoir d’une victoire permettant de changer la vie ? », demande le PCF. Il conteste la thèse selon laquelle « la candidature de Ségolène Royal aurait fait disparaître par enchantement les désaccords avec la direction de la LCR » et regrette que le texte des membres du CUIN ignore « de fait que notre rassemblement, s’il veut assumer sa vocation majoritaire, doit s’adres- - ser aussi aux hommes et aux femmes qui, à gauche, notamment parmi les socialistes et les républicains du "non", ne nous ont pas encore rejoints ». Pour le PCF, la candidature de Ségolène Royal « rend plus indispensable que jamais de proposer à notre peuple de se saisir des élections de 2007 pour changer la donne à gauche ». Le Parti communiste est donc favorable à ce que le processus de discussion et de choix de candidature se poursuive jusqu’à la réunion des 9 et 10 décembre et appelle à « ne pas se laisser détourner de la discussion loyale, transparente, dans le respect de chacune et de chacun, qu’ils mènent dans les collectifs locaux » et à rejeter « les exclusives et les pressions ».

Hier soir, José Bové participait à un meeting unitaire à Caen. Alors, fausse sortie ? « Ma position reste la même, déclarait-il avant le meeting. Il faut un débat de fond sur les conditions que j’ai posées, et il semble que les collectifs y viennent. » Il confirme ses discussions avec Olivier Besancenot : « Les positions que j’ai exprimées devraient permettre un accord avec la LCR. » Il ne s’agit pas pour lui de revenir sur « les ambitions et stratégie » des collectifs, mais « de les mettre en perspective par rapport au choix du PS ». Pour Claude Debons, le processus pour désigner le candidat n’est en rien changé. « Les collectifs doivent indiquer leur choix ou leurs préférences », affirme-t-il. Il estime que le débat, « tendu au niveau national », se déroule dans les collectifs locaux « sans crispation ». Selon lui, les collectifs ne peuvent désigner « ni Marie-George Buffet ni José Bové », qui représentent deux conceptions du rassemblement. Pour l’ancien responsable syndical, « alors que le choix de Ségolène Royal devrait lever l’inquiétude de la LCR sur les rapports avec le PS, elle raidit ses positions ». Selon lui, « Olivier Besancenot n’a pas envie d’un accord ».

Olivier Mayer www.humanite.presse.fr


Répondre à cet article

Forum de l'article