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Le cauchemar américain de retour au Nicaragua

Par Jean-Hébert ARMENGAUD
Article publié le mercredi 8 novembre 2006.


La probable élection du sandiniste Ortega inquiète Washington.

Fidèle à ses manières tonitruantes, c’est le président vénézuélien, le castriste Hugo Chávez, la bête noire de Washington en Amérique latine, qui a salué le premier, hier, « le triomphe quasi assuré » du sandiniste Daniel Ortega à la présidentielle de dimanche au Nicaragua. Avant même toute proclamation officielle. Selon des résultats partiels du Conseil suprême électoral nicaraguayen, sur un peu plus de 60 % des suffrages dépouillés, l’ancien guérillero castriste ­ qui a dominé le pays dans les années 80, après avoir renversé le dictateur Somoza en juillet 1979 ­ aurait obtenu 38,5 % des suffrages exprimés, face aux 31 % de son adversaire principal, Eduardo Montealegre, de l’Alliance libérale nicaraguayenne (ALN, droite). Selon la loi électorale nicaraguayenne, il sera élu dès le premier tour s’il dépasse 35 % des voix, avec 5 points d’avance sur Montealegre.

Antigringos. La probable victoire de l’ex-révolutionnaire Daniel Ortega au Nicaragua est la preuve, selon Hugo Chávez, que « les peuples se lèvent à nouveau ». S’il n’a pas attendu pour féliciter Ortega, c’est qu’il espère capitaliser cette victoire dans son combat antigringos en Amérique latine, qui ne dépasse guère, jusqu’à présent, les frontières du Venezuela, de Cuba et de la Bolivie.
L’élection de dimanche au Nicaragua était censée illustrer cet affrontement. Illusion il est vrai confortée par une partie de l’administration Bush : l’ambassadeur américain à Managua a ouvertement pris parti durant la campagne électorale pour la droite, en agitant le fantôme d’un retour aux années de la « révolution » d’Ortega ­ soutenue par l’Union soviétique ­, quand Ronald Reagan armait la Contra, la guérilla antisandiniste.

Malgré les incantations de Hugo Chávez, aucun « peuple » ne s’est « levé » au Nicaragua. Daniel Ortega, qui fait son plus mauvais score depuis 1990 ­ depuis qu’il tente de revenir au pouvoir par les urnes ­, ne doit sa probable victoire qu’à la désunion, pour la première fois, de la droite nicaraguayenne. A 60 ans, le secrétaire général du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) a depuis longtemps abandonné son treillis de guérillero. Dans ses meetings et son programme, il ne parle que de « paix », de « réconciliation », d’ « économie de marché », de Dieu, du Christ et de Jean Paul II. Le FSLN ne remet pas même en cause le traité de libre-échange qui unit, depuis le printemps dernier, les cinq pays d’Amérique centrale (Nicaragua, Honduras, Costa Rica, Guatemala, Salvador) et les Etats-Unis.

Appel du pied. Hier, dans sa première réaction à sa possible victoire, Daniel Ortega ne faisait d’ailleurs aucune allusion à Hugo Chávez ni à l’axe Cuba-Venezuela en Amérique latine. Bien au contraire, sa déclaration ressemblait à un appel du pied vers Washington : « Je veux donner des assurances au secteur privé, aux investisseurs étrangers et à l’ensemble de la communauté internationale que nous ferons tout pour développer les meilleures relations. »


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