Accueil du site Energie Nucléaire
 

(JPG) Incident "sérieux" dans une centrale nucléaire suédoise

D’Antoine Jacob
Article publié le lundi 7 août 2006.


Un incident, qualifié de "sérieux" par l’autorité suédoise de contrôle de l’énergie nucléaire, est survenu dans un des dix réacteurs civils en fonction dans le royaume, relançant timidement le débat sur le futur de l’énergie atomique dans ce pays à un peu plus d’un mois d’élections législatives. Provoqué par un court-circuit électrique, l’incident, qui s’est produit le 25 juillet, a mis au jour des dysfonctionnements à plusieurs niveaux, en particulier dans le système de secours du réacteur no 1 de la centrale de Forsmark, située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, Stockholm. Cette défaillance a conduit la Suède à arrêter par précaution trois autres réacteurs du même type - dit à eau bouillante (BWR) -, un à Forsmark et deux à Oskarshamn.

Selon les explications fournies à l’Autorité publique d’inspection nucléaire (SKI) par Forsmarks Kraftgrupp AB, l’exploitant de la centrale, deux diesels électriques, censés démarrer en cas de panne de courant, n’ont pas pu se mettre automatiquement en route comme prévu, et ce pour une raison encore peu claire. Deux autres générateurs du même type ont pu les suppléer, évitant de mettre le réacteur dans une situation telle que cela aurait pu conduire à une montée anormale de température de l’installation.

"C’est toujours sérieux lorsque quelque chose ne fonctionne pas dans le système de secours", a commenté Maria Svensson, chef adjointe du service d’information de la SKI, contactée à Stockholm. Selon une enquête préliminaire effectuée par cette autorité deux jours après la panne, l’équipe de la centrale a suivi les instructions prévues pour un tel scénario. Mais, à en croire des témoignages d’employés recueillis par les médias, l’ambiance était tendue dans la salle de contrôle. En raison du court-circuit, écrans d’ordinateurs et haut-parleurs étaient hors service, note la SKI dans son rapport.

EN PLEINE CAMPAGNE ÉLECTORALE

D’un commun accord, l’exploitant privé de la centrale et la SKI ont classé l’incident au niveau 2 de l’échelle internationale des événements nucléaires (INES) reconnue par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Un tel niveau correspond à un "incident", le niveau 1 désignant une "anomalie" et le niveau 7 étant réservé à un "accident majeur", comme celui qui a conduit en 1986 à l’explosion de Tchernobyl. Selon Mme Svensson, les commentaires d’un expert suédois affirmant que l’incident de Forsmark était le plus grave survenu depuis Tchernobyl et qu’on était passé tout près d’un accident majeur sont "grandement exagérés".

La SKI a toutefois préconisé, au-delà des mesures ponctuelles pour s’assurer de la sécurité de Forsmark 1, que les autres réacteurs suédois construits sur le même modèle soient vérifiés de près. La deuxième unité de Forsmark, ainsi que deux réacteurs de la centrale d’Oskarshamn (sud), ont donc été fermés entre-temps, par mesure de précaution. En fonction depuis le début des années 1980, la centrale de Forsmark, qui comprend trois réacteurs mis en service entre juin 1980 et mars 1985, est l’une des plus récentes du pays. En temps normal, les dix réacteurs du pays fournissent près de la moitié de l’électricité produite sur place.

Alors que Greenpeace a réclamé que soient contrôlés après cette défaillance les 443 réacteurs en service dans le monde, l’incident de Forsmark a provoqué des remous dans la campagne électorale suédoise. Le 17 septembre, un nouveau Parlement sera élu. Allié traditionnel du gouvernement social-démocrate sortant, le Parti de gauche (ex-communiste) a réclamé une accélération de la sortie de l’atome - décidée après un référendum en ce sens organisé en 1980 - et la fermeture, d’ici à 2010, d’un des dix réacteurs aujourd’hui en service. Jusqu’à présent, seuls les deux réacteurs de la centrale de Barsebäck ont fait l’objet d’une telle mesure. La droite, qui pourrait revenir au pouvoir, a paru embarrassée par l’incident de Forsmark, alors qu’elle est favorable au maintien du nucléaire.

http://www.lemonde.fr


Répondre à cet article

Forum de l'article