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(JPG) Inquiétudes pour la survie du bio

De Laetitia Clavreul
Article publié le jeudi 8 juin 2006.


Cette année, la fête du Printemps bio (du 1er au 15 juin) est un peu gâchée par un projet de nouveau règlement de la Commission européenne. Les adeptes redoutent qu’il ne débouche sur des produits "bio au rabais" et, par conséquent, sur une perte de crédibilité et un détournement des consommateurs. Ceux-ci sont pourtant au rendez-vous : selon le baromètre CSA-Agence bio 2005, près d’un Français sur deux consomme désormais des produits bio et 56 % disent se sentir proches des valeurs véhiculées par ce type d’agriculture.

Les adeptes reprochent principalement au projet de Bruxelles de tolérer la présence d’organismes génétiquement modifiés (OGM) et le recours aux produits chimiques comme les pesticides : un comble selon eux. "Cela ressemblera à de l’agriculture raisonnée", dont les critères sont moins stricts, redoute Guy Kastler, de la fédération Nature et progrès, qui regroupe producteurs, entreprises et consommateurs. Son association, comme d’autres, a lancé une pétition dans les magasins bio et sur Internet.

En outre, selon le projet de la Commission, il serait interdit d’indiquer sur les étiquettes qu’un produit a été soumis à des exigences supérieures au règlement européen. Tout comme serait interdite l’utilisation au niveau national d’un cahier des charges plus strict, comme c’était le cas en France avec l’application du logo AB. "Les professionnels se sentent dépossédés par la Commission d’une démarche qu’ils ont mise en place, explique Juliette Leroux, à la Fédération nationale de l’agriculture biologique. On va assister à un retour en arrière avec, comme dans les années 1970, un maquis de marques privées parmi lesquelles le consommateur aura du mal à s’y retrouver."

Pour les OGM, le projet s’en tient au seuil de tolérance de 0,9 %, sans traitement particulier pour l’agriculture biologique. Sur ce sujet, les producteurs français redoutent aussi le projet de loi sur la coexistence des cultures, qui sera débattu fin juin à l’Assemblée nationale. "Déjà des contaminations sont constatées, alors demain, avec des cultures commerciales à grande échelle, qu’adviendra-t-il ?", demande Mme Leroux, qui juge que la possibilité même de produire biologique est menacée.

Une première version du projet de règlement européen, présentée fin 2005, avait fait l’unanimité contre elle dans l’Union. Les amendements proposés par la présidence autrichienne en avril continuent de mécontenter. Le dossier sera repris à partir du 1er juillet par les Finlandais.

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